Luisa Giaconi, Tebaide, Poesie, con un epilogo di G. S. Gargano,

Bologne, N. Zanichelli, 1909

Recensione, apparsa sul Bulletin Italien 

edito a Bourdeax l'8 Aprile 1913

 

Buletin Italien Giaconi

 

 

« Il y a encore dans la grande maison des hommes, où gronde le bruit sourd des tramways et des automobiles, où résonnent des appels incessants de téléphones, quelque petite fenêtre perdue sous les toits, oubliée entre les hirondelles et le soleil... Quand je pense à Luisa Giaconi, je la vois toujours à cette petite fenêtre, immobile, les yeux voilés de réve, occupée à regarder dans le lointain, là où la mer est le plus profonde, où la montagne est le plus haute...

Toute sa poesie est une aspiration continuelle vers ces sommets et vers ces abîmes. Ainsi parle Angiolo Orvieto, qui fut le premier à révéler le talent de la « pauvre et belle jeune fìlle » ; un peu plus loin, il la compare à une alouette, toujours perdue entre les deux infinis : l'infìni humain et l'infìni des cieux, comme son chant, tout rempli d'amour et d'idéal. Enrico Nencioni, qui fut son premier maitre, lui conseille de chercher son àme « toujours plus avant » : et c'est ce qu'elle fìt; et, à force de descendre dans son àme, elle finit par trouver l'univers.

Diceva Ella il poema suo vasto ed antico dinanzi a un'ara invisibile... 

« Elle disait son poème, vaste et antique, devant un autel invisible... » ; elle chantait son lent poème dans l'éclair du soleil mourant, et les cieux chantaient avec elle, l'accompagnant « de leurs vastes échos de lumière d'or », con echi vasti di luce d' oro: puis elle s'en allait, plus loin que le regard,  plus loin que le rêve, enveloppée de silences, plus sacrée dans les pleurs qui baignaient ses yeux divins; elle s'en allait, « immaculée, vers ses lointains temples d'or ».

C'est ainsi, toujours, qu'elle nous apparait, dans une attitude languissante et réveuse, pale et insaisissable, à travers un voile de mystère, dans l'indécision d'une réalité fuyante, et d'une forme artistique à peine ébauchée, mais intéressante par son imprécision même, au cours de ces brefs poèmes dédiés à son amie, Anna Montagnon, et dont quelques-uns, comme l'Image, l'Invocation au soir (les dernières strophes particulièrement), les Deux prières, et surtout le Vent, révèlent des qualités qui auraient pu étre celles d'un grand poète, si Luisa Giaconi avait vécu.

Maurice Mignon

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